Le réchauffement climatique n’est pas une catastrophe pour tous, en particulier dans les pays du Grand Nord. Russie, Canada, Etats-Unis, Norvège et Danemark ont déjà commencé à fourbir leurs stratégies de développement et à faire part de leurs prétentions.
L’effet de serre réchauffe la planète et fait fondre les glaces. Ce n’est pas nouveau, ces changements climatiques ont commencé à vraiment marquer les régions arctiques il y a une vingtaine d’années. Qui n’a pas vu ces images d’icebergs en dérive ou d’ours blancs nageant à la recherche d’un bout de banquise ? Un désastre bien visible dans le Grand Nord… Mais pas pour tous.
Une cartographie des richesses pétrolières, gazières et minières
Alors que certains scientifiques prédisent un pôle Nord libre de glaces l’été en 2050, voire 2030, les Etats arctiques se lancent dans de grandes manœuvres d’exploration et de cartographie, accompagnées de vaisseaux de guerre. Dès août 2007, deux bathyscaphes russes plantent un drapeau au pôle Nord, à 4 261 mètres sous la banquise, tandis qu’en 2009 le Canada annonce avoir réalisé une cartographie complète des richesses pétrolières, gazières et minières de l’Arctique.
Une souveraineté étendue de 200 à 350 milles marins
L’US Geological Survey estime en effet que l’Arctique recèle 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes de la planète. Or la plupart des pays concernés ont ratifié dans les années 2000 la convention de l’ONU sur le droit maritime, permettant aux pays d’étendre leur souveraineté sur le domaine océanique de 200 à 350 milles marins (1 852 mètres) s’ils peuvent prouver, dans les dix ans, que cette extension est liée à la prolongation naturelle du plateau continental.
Les riverains du pôle Nord s’empressent donc de faire valoir leurs prétentions sur les fonds marins et ces « nouvelles » richesses énergétiques et minières rendues plus accessibles par la fonte des banquises et du pergélisol. D’où cet esprit très XIXe siècle…
Un raccourci climatique
Autre grand avantage du réchauffement, la libération des glaces des ports du nord, d’habitude inutilisables en hiver, et l’ouverture du passage du nord-ouest. Sans banquise, le trafic maritime peut joindre l’Asie à l’Europe plus rapidement. En empruntant ce passage, la distance Londres-Tokyo, par exemple, passe de 23 300 km, via le canal de Panama, ou 21 200 km, via celui de Suez, à 15 700 km. Et les substantielles économies réalisées sont appréciées à leur juste valeur.
Les températures plus douces devraient également favoriser la croissance végétale et donc l’agriculture dans les plaines de Sibérie et du Canada. Selon un rapport russe, les zones cultivables devraient s’accroître considérablement et de nombreuses variétés de plantes, comme par exemple le tournesol tardif, devraient s’étendre vers le nord car la surface de la glace d’hiver a, elle aussi commencé à se réduire.
On pensait jusqu’à présent que le phénomène de fonte des glaces n’avait lieu qu’en été et que le couvert de glace se reformait chaque hiver. Des observations satellites témoignent de la baisse de 7% de la glace d’hiver depuis 2003. Or, plus les glaces d’hiver sont réduites, moins grande sera l’énergie requise pour la faire fondre et plus la banquise se réduira aussi en été.